Deleuze et la littérature (3/4) : Kafka, pour une littérature mineure

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    Les Nouveaux chemins de la connaissance
    Émission diffusée sur France Culture le 07.12.2016.
    Par Adèle Van Reeth.

    Découvrez aujourd’hui une lecture vivifiante de Kafka en compagnie du philosophe Guillaume Sibertin-Blanc.

    Kafka écrit des lettres, des nouvelles et des romans. Il parle de la famille, de la bureaucratie, de l’Amérique et de la Russie. Mais Deleuze et Guattari, en lisant son oeuvre sous le prisme du concept de “littérature mineure”, y voient aussi beaucoup de désirs, beaucoup d’humour, des flux ininterrompus et des devenirs-animaux.

    Le texte du jour :
    « On ne doit pas perdre de vue que, malgré mes singularités évidentes, je suis bien loin d’avoir renié ma race. C’est une chose étrange, quand j’y réfléchis – et j’ai, pour y réfléchir, tout le loisir, le goût et les capacités nécessaires –, c’est une chose bien étrange que la société canine. Il existe, en dehors de nous autres chiens, toutes sortes de créatures à la ronde, de pauvres êtres insignifiants, muets, réduits à certains cris ; beaucoup, parmi nous autres chiens, les étudient, leur ont donné des noms, cherchent à les aider, à les éduquer, à les cultiver et ainsi de suite. Pour ma part, ils me sont indifférents ; sauf si, par exemple, ils essaient de me gêner ou s’ils peuvent à l’occasion me procurer un bon morceau à me mettre sous la dent, ce qui arrive rarement dans nos régions, je les confonds les uns avec les autres, je ne m’intéresse pas à eux. Une chose cependant est trop frappante pour m’avoir échappé, c’est, en comparaison de nous autres chiens, leur manque de solidarité ; on les voit passer les uns à côté des autres, étrangers les uns aux autres, muets, et avec une sorte d’hostilité ; seul l’intérêt le plus vulgaire est extérieurement capable de les réunir un peu ; encore cet intérêt provoque-t-il souvent la haine et le conflit. »
    Franz Kafka, Les recherches d’un chien, 1922, Œuvres complètes

    Extraits :
    – L’Abécédaire de Gilles Deleuze
    – Litterasophie et philosophure avec Deleuze et Cixous, Dialogues, France Culture, 07/06/1973
    – Felix Guattari – Journée Franz Kafka, France Culture, 17/09/83
    – Deleuze – Cinéma cours du 10 du 23 février 1982

    Références musicales :
    – Charles Valentin Alkan, Marche en mi bémol maj op. 40 n°2
    – Schnittke, Le portrait
    – Noel Noel, Les deux lettres
    – Jeanne Moreau, J’ai choisi de rire

    Intervenant :
    – Guillaume Sibertin-Blanc : Maître de conférences en Philosophie contemporaine à l’Université de Toulouse – le Mirail, il a participé au dossier critique du Rire de Bergson (Puf – Quadrige, 2007) – Edition sous la direction de Frédéric Worms – Nouvelle édition à paraître.

    Bibliographie :
    – Guillaume Sibertin-Blanc, Deleuze et L’Anti-Œdipe : la production du désir, PUF, 2010.
    – Guillaume Sibertin-Blanc, Politique et Etat chez Deleuze et Gattari, PUF, 2013.

    source

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    9 COMMENTS

    1. Désolé pour mon commentaire de néophyte .. Vous ne le faîtes pas et je le comprends toutefois peut être pourriez vous me répondre … L' œuvre de Kafka ne serait elle pas une transgression fantasmagorique d'un névrosé de la vie ?.. La vie, n'a pour moi, de sens, envers et contre tout, que dans son essence naturel et non pas primaire. Cette régression ou ces ambiances anxiogènes me mettent profondément mal à l'aise. Je ne cherche pas à aimer mais à comprendre. Je n' ai pas le courage de le relire. Merci …